Quand le chèque cadeau booste le commerce

Très utilisé à l’approche des fêtes de fin d’année notamment, le chèque cadeau comme moyen de paiement ne cesse de progresser. Une manne financière qui profite directement aux commerçants, à condition de l’accepter !

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Noël, rentrée, naissance d’un enfant, fête des mères… les occasions pour offrir des cadeaux aux salariés sont multiples. La pratique est d’ailleurs courante dans le monde des moyennes et grandes entreprises, à travers notamment leur comité d’entreprise. Et c’est encore mieux si ces cadeaux sont exemptés de cotisations sociales à payer ! D’où la solution choisie depuis de nombreuses années de distribuer des titres-cadeau d’oeuvre sociale (TCOS dans le texte), à partir du moment où la carte ou chèque cadeau ne dépasse pas 5% du plafond mensuel de la sécurité sociale.

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« Au total, si l’on additionne les titres-cadeau d’œuvre sociale, distribués pour des événements réglementés comme la fête des mères ou Noël, à ceux offerts aux salariés comme récompense, le marché est estimé aux alentours de 2 milliards d’euros », avance Didier Zoubeïdi, directeur des réseaux de partenaires marchands chez Edenred, qui édite Ticket Kadéos®, leader du secteur en France. “C’est une véritable économie parallèle, confirme Florence Sevestre, qui dirige le développement des chèques cadeaux Shopping Pass. Il serait dommage pour un commerce de se priver de ce chiffre d’affaires potentiel en refusant ce moyen de paiement ». D’autant plus que les coûts sont limités et le risque, inexistant. Explications.

Quel coût du chèque cadeau pour le commerçant ? 

L’avantage premier pour un commerçant d’adhérer à un réseau de titres-cadeau c’est qu’il n’a aucun investissement à effectuer, explique Florence Sevestre. Dans le pire des cas, où il n’y a aucun retour en boutique, cela ne lui coûtera rien. » En effet, les sociétés éditrices de chèques cadeau se rémunèrent à la commission, qui  varie entre 3% du montant pour les plus petites structures, à 12% pour les réseaux comptants le plus d’adhérents. Un coût que les émetteurs justifient par le chiffre d’affaires additionnel apporté en magasin. « Les différentes études réalisées prouvent qu’une fois en boutique, le client consomme en moyenne une fois et demi le montant de son chèque cadeau, l’impact total sur le chiffre d’affaires s’en trouve donc augmenté d’autant », explique Didier Zoubeïdi.

La dernière étude de l’A3C, l’association professionnelle des émetteurs de chèques et cartes cadeau, montre justement qu’en plus d’avoir un effet déclencheur sur la consommation (37% des Français n’auraient pas consommé s’ils n’avaient pas reçu de titres-cadeau), les titres cadeaux possèdent également un effet multiplicateur, puisque pour 1 milliard d’euros de TCOS versés, c’est en réalité 1,5 milliard d’euros qui est déversé dans l’économie française. Un chiffre qui passe à 3 milliards d’euros si l’on prend en considération l’ensemble des cartes et chèques cadeau distribués dans l’année, en plus des seuls TCOS.

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A cela s’ajoute le référencement des commerçants, acceptant la carte et chèque cadeau, sur le site internet des émetteurs. Enfin, certains prestataires de services, à l’image de Ticket Kadéos®, offrent même un accompagnement dans la mise en place du service. « Chez Ticket Kadéos®, nous proposons plusieurs sortes de titres cadeau. Dès lors, lorsqu’un commerçant souhaite rejoindre notre réseau, il s’entretient avec l’un de nos conseillers par téléphone, qui l’oriente alors vers la solution la plus adaptée pour lui », détaille Didier Zoubeïdi.

Le chèque cadeau pour booster le commerce de centre-ville ?

Véritable facilitateur de chiffre d’affaires, et donc source de trafic en magasin, le chèque cadeau séduit naturellement de plus en plus de commerçants, mais donne aussi des idées aux acteurs publics locaux. Et notamment les CCI, à l’image de la CCI des Alpes-de-Haute-Provence, la CCI Porte de Normandie, ou encore la CCI Deux Sèvres, qui proposent toutes des chèques cadeaux afin de promouvoir le commerce local, avec une certaine réussite. « Je reçois pas mal de monde en boutique grâce aux Ty Kdoz de la CCI du Morbihan, certifie ainsi Nadine Gillot, de la boutique Tendance Plus à Pluvigner. Une fois en magasin les personnes ont tendance à faire des achats additionnels, et cela permet en plus de faire venir du monde en centre-ville, tous le monde est gagnant », ajoute-t-elle.

Une satisfaction également du côté de Claudine Garcier, gérante de la boutique King Jouet à Barcelonnette, et qui accepte le chèque cadeau de la CCI des Alpes-de-Haute-Provence. « Je trouve le dispositif facile à gérer et les commissions ne sont pas très élevées », témoigne-t-elle.

Le chèque cadeau, pour tous les commerçants ?

A Hendaye, dans les Pyrénées-Atlantiques, la ville a également décidé d’éditer des titres cadeaux afin de booster le commerce de centre-ville. « Avec un succès assez limité pour le moment, confesse Jean-Sébastien Halty, le directeur d’Hendaye commerce. Le dispositif n’a été lancé qu’en 2015, il faudra attendre un peu de temps afin de pouvoir observer de vrais résultatsLe problème que nous avons aussi à Hendaye c’est que nous sommes encerclés de zones commerciales, et l’offre de textile est assez limitée en centre-ville », poursuit-il. 

Le secteur d’activité des commerces partenaires est pourtant primordial. « Les consommateurs ont tendance à dépenser leurs chèques cadeau dans des endroits où ils pourront effectuer un achat plaisir comme l’achat d’un parfum ou d’un vêtement, donc auprès d’un commerçant en boutique plus qu’en grande surface », explique Dider Zoubeïdi. Sans surprise, les commerces de mode, de bijouterie et de parfumerie se retrouvent plébiscités par les possesseurs de titres cadeau.

« La raison d’être du chèque cadeau est qu’il serve justement à offrir quelque chose à une personne tierce ou à soi-même, justifie Florence Sevestre. Cependant il est aussi utilisé pour d’autres types d’achats, considérés comme “plus rationnels“, notamment pour faire ses courses ». L’étude de l’A3C montre en effet que 22% des TCOS sont utilisés dans les grandes et moyennes surfaces, où l’achat alimentaire reste prépondérant. Dans les commerces similaires de proximité, l’utilisation des chèques cadeau semble en revanche limité. « Ça nous arrive de recevoir des clients munis de titres cadeau, mais c’est très marginal », témoigne par exemple Serge Caquineau, gérant de la boucherie Caquineau, à Niort. 

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« Beaucoup de clients viennent me voir avec, malheureusement je suis le plus souvent contrainte de les refuser étant donné qu’ils veulent les utiliser pour acheter des cigarettes ou des jeux à gratter, regrette de son côté Jessica Jourdan, gérante d’un Tabac/Loto dans la ville de Sisteron. Je ne marge pas sur ces produits, ce n’est donc pas du tout intéressant pour moi de les accepter. Je les oriente donc vers nos articles de chasse et pêche, parfois ça fonctionne », conclut-elle. Une raison de plus pour certains de diversifier leur activité, et de prouver que l’atout premier du commerçant reste sa capacité à créer de la valeur ajoutée, en toute circonstance. Chèque cadeau ou non.

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