ITW- Olivier Razemon, “Comment la France a tué ses villes”

Dans son dernier livre intitulé “Comment la France a tué ses villes“, le journaliste Olivier Razemon décrypte les raisons de la désertification de nombreuses villes françaises, et expose des solutions. 

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Le journaliste Olivier Razemon

Pourquoi avoir eu envie d’écrire un livre sur la désertification des centres-villes ?

J’ai voulu écrire sur ce sujet car j’aime les villes françaises, et je trouvais que ce phénomène de désertification n’était pas assez visible. Bien entendu au niveau local, la population, les médias et les élus en ont conscience, mais sur le plan national, le problème n’est pas encore traité à la hauteur à laquelle il devrait l’être. Le titre de mon livre n’est en ce sens pas anodin, la situation est très préoccupante. Pourtant les hommes politiques nationaux, tous bords politiques confondus, n’évoquent jamais ce sujet comme un réel enjeu de notre société. Pour nombre d’entre eux, cela relève de la “ruralité“, alors même que le phénomène touche aujourd’hui la plupart des villes moyennes !

Parmi les nombreuses causes de la désertification des centres-villes, la multiplication des surfaces commerciales en périphérie apparaît comme le problème majeur. Mais peut-on réellement contrecarrer les projets des promoteurs immobiliers ?

D’un point de vue purement juridique, bien entendu ! Les moyens existent, que ce soit l’interdiction de délivrer les permis de construire ou encore les décisions en CDAC ou CNAC, dans lesquelles les élus locaux ont un poids très important. Le problème se pose davantage dans l’utilisation de ces moyens. Les promoteurs immobiliers sont de véritables rouleaux compresseurs qui savent très bien séduire les élus. A chaque fois qu’ils présentent un projet, le discours est le même : consommation, pouvoir d’achat, emplois. De ce fait, une certaine forme de concurrence se crée entre les agglomérations, et pousse les élus à accepter des projets commerciaux de grande ampleur, de peur que le promoteur immobilier aille voir… (la commune voisine), en cas de refus. Cette logique, qui contribue à une folle course en avant, ne repose pourtant sur rien de véritablement concret. La plupart des gens font leur achat dans un environnement proche, la construction d’un centre commercial à une heure de route ne changera rien. Dans le cadre de mon enquête, je me souviens d’un village d’Ardèche, qui a dernièrement autorisé l’ouverture d’un supermarché sur une route fréquentée, afin d’attirer les habitants des agglomérations voisines. Le résultat est qu’au final, les principaux clients du supermarché sont les habitants de la commune constructrice, et les premières victimes… les commerçants du centre-ville !

Est-il encore temps de sauver nos centres-villes ?

Oui, mais il faut avant tout prendre conscience de la situation dans laquelle nous sommes, afin de s’atteler à y remédier. Cette démarche est importante, car la désertification dont souffrent nombres de nos villes résulte aussi de notre méconnaissance du problème. A l’époque, nous ne nous sommes posés aucune question sur les conséquences à long terme de nos politiques d’urbanisme. Quand je dis « nous », j’inclus les hommes politiques, mais aussi les médias, et plus globalement la société dans son ensemble. Nous n’avions pas de réelle vision. Aujourd’hui c’est différent, de plus en plus de personnes se révoltent car elles sont attachées à leur ville, sa culture, son patrimoine, ses mœurs… et ne veulent pas voir tout cela disparaître avec elle. Et pour ça ils sont prêts à prendre des initiatives, à oser des choses nouvelles. Même certaines enseignes nationales, pourtant très présentes dans les centres commerciaux en périphérie, demande un ralentissement face à la frénésie constructrice. Pour cela nous avons besoin d’une réelle volonté, politique, médiatique, mais aussi de la part des citoyens car des solutions existent !

Pour connaître ces solutions évoquées par Olivier Razemon, vous pouvez commander le livre en cliquant ici.

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