Le retrait d’espèces chez les commerçants bientôt disponible

Pratique déjà courante dans plusieurs pays européens et nord-américain, le service permettant un retrait d’espèces auprès des commerces locaux sera bientôt disponible en France. Une réforme qui divise banquiers et commerçants.

Procéder à un retrait d’espèces auprès de son boulanger, bureau de presse ou même au supermarché sera bientôt possible. C’est en tout cas ce qu’impose une directive européenne qui entrera en vigueur le 13 janvier 2018. A partir du terminal bancaire, le client pourra ainsi choisir l’option “retirer de l’argent” et indiquer le montant souhaité, dans la limite de 60 euros par retrait. Ce service, appelé “cashback“, est déjà très utilisé en Allemagne où 79% des achats se font en espèces, contre 30% en France. Il ne devrait cependant pas être opérationnel dès le début de l’année prochaine, ses modalités devant encore être précisées. Pour autant, selon les premières informations disponibles, aucun engagement d’achat ne devrait être nécessaire pour procéder au retrait.

Les commerçants favorables au retrait d’espèces en boutique

Cette mesure fait notamment échos aux revendications de nombreux commerçants de zones rurales, dans lesquelles les distributeurs automatiques de billet manquent parfois à l’appel. Interrogé par Le Figaro, Philippe Joquet, directeur en charge des questions financières à la Fédération du Commerce et de la Distribution, a ainsi affirmé que l’instauration d’un tel dispositif répondait à « une demande formulée depuis longtemps par les professionnels pour satisfaire (d)es besoins ». Les coûts liés à la gestion des espèces seraient amoindris pour les commerçants, et cela leur permettrait de pouvoir drainer une clientèle plus large grâce à ce nouveau service. Une fois en magasin, le client pourra ainsi se laisser tenter par un achat, en plus de son opération initiale de retrait.

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Les banques beaucoup moins

Si l’introduction de ce nouveau service en magasin semble séduire les commerçants, les établissements bancaires affichent de leur côté un certain mécontentement. Ces derniers craignent notamment pour la rentabilité de leurs distributeurs automatiques de billets, qui coûtent plusieurs dizaines de milliers d’euros et s’amortissent sur une dizaine d’année. « Il faut prendre soin à ce que le cashback n’incite les particuliers à recourir aux espèces alors même que le paiement sans contact entre dans les habitudes », avance également à nos confrères des Echos Jérôme Raguénès, directeur du département numérique – systèmes et moyens de paiement, à la Fédération Bancaire Française (FBF).

En France, la limite du paiement par espèces dans un commerce est de 1 000 euros pour les Français, et 15 000 euros pour les étrangers.

Autre point important non encore évoqué, le coût du service. L’instauration du cashback devrait en effet conduire à de nouveaux investissements informatiques afin de distinguer l’achat effectué par le consommateur, de sa demande d’espèces. Une opération que le fisc français voudra nécessairement pouvoir tracer. Le coût plus ou moins élevé de celle-ci pourrait ainsi refroidir certains commerçants d’offrir cette possibilité de retrait d’espèces, d’autant plus que les moyens de paiement dématérialisés ont de plus en plus la côte auprès des Français. Affaire à suivre donc.

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