E-commerce – Quelle formule choisir ?

Open source, Saas, marketplaces, sans compter la cohorte des éditeurs. Difficile pour un commerçant de savoir « à quel système se vouer » pour créer son site de e-commerce. Quelques pistes pour y voir plus clair.

Tout commence souvent par une recommandation. C’est le cas pour Christophe Vérot. Le fondateur de la marque de maillots de bain Robinson Les Bains a opté en 2009 pour la solution « open source » Prestashop, pour faire tourner son site internet. « C’est l’agence web Studio du Net qui me l’a conseillée », se souvient cet ancien joueur de water-polo de ligue « corpo » qui revendique entre 30 et 120 commandes en ligne selon les mois. Même genèse chez Jules et Jim. Jean-Philippe Messali, le patron d’un magasin de prêt-à-porter et chaussures haut de gamme pour hommes, situé en plein centre d’Aix-en-Provence, a choisi Magento, une autre solution « open source », sur l’avis de Paul-Jérôme Smadja, le dirigeant de l’agence Web S&G. Le choix d’une solution e-commerce peut aussi être la conséquence d’une opportunité, presque d’un hasard. « Le pignon sur le Net » du magasin de vêtements pour hommes et femmes Un gars et une fille repose sur une plate-forme SaaS (Software as a Service) initiée par… le Crédit Agricole. Qu’est-ce qu’une banque fait dans le e-commerce ? Eric Faivre, le patron de ce commerce implanté à Valdahon, une petite commune du Doubs (5500 habitants) témoigne : « En 2011, ils m’ont proposé mon site clefs en main, gratuit la première année, à condition d’ouvrir un compte chez eux. » Difficile de refuser.

E-commerce-comment-choisir

Un outil simple avant tout

Ces trois histoires racontent la même chose. Les détaillants à la tête d’un ou de plusieurs « magasins en dur » n’ont pas de temps à consacrer à l’architecture de leur site. Souvent, ils n’en ont pas envie. L’important, c’est que ça marche. Et dans la simplicité. Ce critère a convaincu Charlotte Rivière, la fondatrice de la marque de mode pour femmes Charlotte Sometime, de lier son sort à celui de la plate-forme SaaS Big Cartel. « C’est simple d’utilisation pour moi, pour saisir les fiches produits et les photos, et aussi pour mes clients. » Un impératif pour elle qui travaille seule, de la fabrication des vêtements à leur vente dans son showroom parisien, comme sur le Net (préparation, expéditions). Choix différent mais besoin identique pour Fabrice Cassaro. Tout aussi seul dans sa boutique, il a basculé du côté des logiciels open source. « C’est très simple de charger son catalogue ou d’inscrire les conditions de paiement sur Prestashop », se réjouit ce détaillant à la tête de Metalian Store, un magasin de vêtements pour fan de hard-rock à Grenoble.

Mieux vaut investir 5 000 € dans la technologie et 10 000 € en webmarketing,                   que 15 000 € dans un site web où personne ne vient !

Un site facile à gérer au quotidien. Mais cela se complique en cas de panne. « Il y a deux jours, j’ai eu un bug suite à la mise à jour de ma solution de paiement par CB, poursuit-il, là, c’est ma copine qui est plus experte que moi qui a tout remis en route. » Il faut toujours bien s’entourer ! Les détaillants cherchent une solution simple mais pas rustique. À l’usage, une fonctionnalité leur paraît essentielle : la connexion entre le site et le logiciel de gestion commerciale du magasin. Sans elle, il faut saisir manuellement dans le back office les ventes réalisées sur le site et inversement afin de tenir le stock à jour. Mais pas d’inquiétude, il existe comme souvent une réponse technologique pertinente. Solutions Boutiques propose par exemple, un module de connexion entre le logiciel de gestion en magasin et le site web. Ainsi, que la vente soit effectuée en boutique ou sur le site e-commerce, le stock sera immédiatement mis à jour. Et ce n’est pas tout, les fiches articles saisies à partir du logiciel de gestion, actualisent le stock, les tarifs et les visuels sur le site, ce qui évite une double saisie.

Une affaire de maturité

Le prix est l’autre critère de décision. Charlie Nelph, la responsable du site de e-commerce Pallas cuir (prêt-à-porter, chaussures et maroquinerie cuir, fourrures) adossé à trois magasins en Provence confirme : « Nous avons opté pour la solution sur abonnement PowerBoutique car Prestashop ou Magento étaient trop chers pour nous. » Le choix d’une solution plutôt que d’une autre dépend-t-il d’un rapport entre le budget alloué et le volume d’affaires espéré ? Pas vraiment. Si les solutions sur abonnement s’adressent plutôt aux nouveaux venus dans le e-commerce avec un nombre de commandes modestes, attention à ne pas généraliser. « En SaaS, les boutiques font de plusieurs milliers d’euros de chiffre d’affaires annuel à plusieurs millions », affirme Marc Schillaci, le patron d’Oxatis, l’une des solutions leader du marché en France.

« Les détaillants n’ont pas le temps ou pas l’envie, de se consacrer à l’architecture informatique de leur site web, l’important, c’est que ça marche ! »

De fait, le site de Pallas cuir, âgé de 6 ans, atteint 250 à 300 ventes par mois sous PowerBoutique, une solution SaaS. En face, Metalian Store affiche 30 à 40 ventes sur le Net « les meilleurs mois » à partir d’une solution open source. Alors ? François Duranton préfère classer les e-marchands en fonction de leur maturité. « Les logiciels type Magento ou Drupal Commerce visent des détaillants ou responsables d’enseignes ayant une expérience du retail digital, merchandising en ligne, achat de trafic, référencement naturel, et de la gestion informatique quotidienne, bugs, évolutions… », précise le directeur général adjoint d’Expertime, une agence conseil en digital. Maxime Lambert va dans le même sens. À la fois fournisseur d’une solution en ligne sur abonnement et créateur de sites marchands sur une base open source, le patron de l’agence web SMK, ne prêche pour aucune chapelle. « Les solutions sur abonnement sont bien pour lancer son activité car les fonctionnalités offertes sont suffisantes et qu’on est accompagné par l’éditeur », juge-t-il.

Le prestataire plus important que la solution

L’accompagnement, c’est peut- être là que tout se joue en définitive. « Un bon prestataire conseillera bien le commerçant quelle que soit la solution préconisée », déclare Maxime Lambert. Sébastien Martineau, directeur associé de l’agence digitale e-commerce Antadis approuve. « Mieux vaut passer du temps à choisir son prestataire car c’est le début d’une relation de long terme. » Mais comment le reconnaître ? Deux indices pour y parvenir. D’abord le périmètre du projet proposé. « Il ne faut pas se laisser griser par les solutions trop riches dont on n’utilisera qu’une petite partie des fonctionnalités », prévient Sébastien Martineau. L’intérêt des agences est de vendre le maximum de prestations. Ensuite, la proposition ou non d’une stratégie Web globale. Tous les consultants sont d’accord : pas de lancement réussi sans un investissement minimal en webmarketing (référencement, e-mailing…). « L’échec d’un e-commerçant est rarement imputable à la technologie. C’est plus la conséquence de mauvais choix sur le terrain du commerce ou du webmarketing », appuie Stéphane Escoffier, le directeur général de Doyousoft, la société à la fois éditrice de PowerBoutique et créatrice de sites open source. En résumé, mieux vaut investir 5 000 € dans la technologie et 10 000 € en webmarketing, quitte à avoir un site moins complet, que 15 000 € dans une boutique toutes options où personne ne vient.

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