Black Friday, qui sont les vrais gagnants ?

Du vendredi 24 novembre au lundi 27 novembre 2017 se tiendra une nouvelle édition du Black Friday, week end de promotions organisé sur quatre jours et inspiré de la période post-Thanksgiving aux États-Unis. Une opération commerciale qui semble prendre de plus en plus d’ampleur chaque année, mais à qui profite vraiment l’événement ?

15 millions, c’est le nombre de Français qui ont participé au Black Friday en 2016, d’après un sondage effectué l’année dernière par l’institut Toluna pour le site spécialisé LSA. Soit 3,7 millions de participants supplémentaires par rapport à 2015, preuve que l’événement séduit de plus en plus d’adeptes. Pour la prochaine édition, qui se déroulera du 24 novembre au 27 novembre 2017, une récente étude de la société britannique Yougov, spécialisée dans les études de marché, estime que 36% des Français ont l’intention de participer au Black Friday, 4 points de plus qu’en 2016.

Les commerçants contre le Black Friday

Si la raison d’être d’un Black Friday peut se comprendre aux Etats-Unis dans la mesure où il intervient après un événement national majeur, Thanksgiving, l’instauration d’un tel week end de promotion en France pose question. Et ce d’autant plus qu’une majorité de commerçants et e-commerçants Français ne semblent pas l’approuver. C’est en tout cas ce qui ressort d’une récente étude de la FEVAD (Fédération de la Vente à Distance) ainsi que d’une enquête menée par le magazine Boutique2Mode. Dans les 2 cas, plus de 65% des participants se prononcent contre l’organisation d’une journée de promotion type Black Friday.

Lire aussi : L’e-commerce, une aubaine pour les indépendants

Nous croulons déjà sous les promotions tout au long de l’année, je ne pense pas que l’on ait besoin d’en rajouter, surtout à l’approche de Noël », confirme Philippe Daquai, Président de la Fédération des Détaillants en Chaussures de France. En effet, toujours selon l’étude réalisée par Yougov, 87 % de ceux qui comptent participer au Black Friday déclarent profiter de ce grand déstockage pour débuter leurs achats de Noël. Au classement des produits les plus recherchés par les adeptes du Black Friday, on retrouve sans surprise les catégories liées à la mode et aux accessoires (50%), la chaussure (47%), les objets High Tech (44%) et l’électroménager (31%). En termes de budget, les femmes devraient dépenser en moyenne 234€ et privilégier la mode (61%), les chaussures (52%) et les produits de beauté et de soin (47%), tandis que les hommes devraient disposer d’un budget moyen de 297€ et s’orienteront sur les produits High Tech (59%), les chaussures (39%) et les produits culturels (36%). Au total, l’étude de Yougov estime que les Français pourraient dépenser près de 845 millions d’euros en ligne cette année, et quelques 4,5 milliards d’euros en magasin.

Des promotions gonflées ?

Puma, Amazon, Cdiscount, Sephora, Gifi… la plupart des grandes enseignes et pure players se sont mis en ordre de marche à l’approche du Black Friday, promettant tous des remises plus importantes les unes par rapport aux autres. De quoi éveiller les soupçons de l’association de consommateurs UFC que Choisir, qui a mené 2 enquêtes en 2015 puis en 2016 sur l’effectivité des promotions proposées (cf infographie ci-dessous).

Black Friday-UFC-Que-Choisir

Ainsi, en moyenne, les tablettes tactiles se sont vendus à – 2,2 % de leur prix, les téléviseurs à -2 %, les ordinateurs à -1,8 %, les appareils photos numériques à -1 %, les smartphones à -0,8 % et les lave-linges à -0,3 %. Au final, des remises bien moins importantes que ne l’avait laissé supposer les campagnes de communication. A cela s’ajoute des promotions artificiellement élevées dans le secteur de la mode. “Les gros acteurs, qui maîtrisent entièrement la chaîne de valeur, de la fabrication jusque dans la distribution, ont pris l’habitude de pratiquer des marges très élevées tout au long de l’année, si bien qu’ils peuvent se permettre de faire des remises de -70% et continuer à gagner de l’argent, dénonce Francis Palombi, Président de la Confédération des Commerçants de France. Les détaillants indépendants eux ne peuvent pas suivre, puisqu’à -40% ils sont déficitaires.” Alors, le Black Friday, une bonne affaire pour qui ?

  Cet article vous a été offert !
Abonnez-vous et soutenez le média qui défend les commerçants indépendants.

Je m’abonne